La césarienne – cette cicatrice que tu m’as laissée

Quand on pense à être maman, qu’on envisage d’avoir un bébé, et même après être tombée enceinte quand on pense à son accouchement, on n’envisage que très rarement l’accouchement par césarienne. On se fait toutes plus ou moins le même scénario, en se disant qu’on va arriver à la maternité après quelques heures de contractions, qu’on va patienter (en douleurs) le temps que le col s’ouvre, et qu’une fois bébé bien descendu dans le bassin et notre col ouvert à 10, on commencera à pousser pour donner naissance à un joli bébé bien rose qu’on posera sur nous et qu’on câlinera quelque temps contre notre peau.

Mon accouchement ne s’est pas du tout passé de cette manière.

J’avais une collègue qui avait eu une césarienne et qui m’avait raconté tout ça avant : que notre accouchement ne se passe quasiment jamais comme on l’avait imaginé, et que même en se préparant à toutes les éventualités, notre accouchement ne ressemblera jamais à ça. Elle avait raison. Et je la remercie car grâce à elle, je me suis préparée autrement.

Lorsque les mamans décident de rédiger un projet de naissance, la plupart n’écrivent jamais quoique ce soit sur la césarienne. Pourtant elle représente bon nombres de naissances de nos jours, et je pense qu’elle a sauvé beaucoup de bébés et de mamans qui étaient en souffrance.

J’avais préparé moi-même un projet de naissance, et puis j’ai décidé de le laisser de côté en me disant que je dirai sur l’instant ce que je souhaite et que ça devrait le faire de cette manière là. J’ai eu raison dans un sens, j’ai eu tort aussi.

Lorsque j’étais enceinte, et que je pensais à mon accouchement, j’avais bien sûr dans un coin de ma tête le scénario bateau qu’on imagine toutes, mais je me forçais à m’imaginer les deux éventualités : accouchement par voie basse ou césarienne. Je me le répétai sans cesse pour être sûre que le jour J, je ne tomberai pas de haut si je devais passer au bloc.

Je sais que la plupart des mamans qui ne s’étaient pas préparées à cette éventualité en ont beaucoup souffert par la suite. Pas physiquement parlant (même si c’est une chirurgie), mais elles ont souffert de ne pas avoir été préparées à ça.

Merci aussi à ma sage-femme, qui m’avait bien expliqué que la plupart des césariennes se faisaient en urgence et que bien souvent, le personnel hospitalier ne prend pas le temps de vous expliquer les choses. Pas parce qu’ils sont des êtres froids dénués d’humanité comme certaines peuvent penser, mais seulement parce qu’une césarienne en urgence doit être faite EN URGENCE et qu’on ne prend pas le temps d’expliquer tout ce qui va se passer, car bien souvent ces quelques minutes sont précieuses. Et croyez-moi, sur le moment vous préférez sauver la vie de votre bébé plutôt que de comprendre le pourquoi du comment on vous fait ça.

Alors oui, ça peut paraître un peu barbare, mais c’est nécessaire.

J’imagine que les mamans qui accouchent par voie basse subissent beaucoup de douleurs, mais je n’en sais pas plus. Tout ce que je sais, c’est que la césarienne, c’est après que ça reste le plus douloureux.

Quand je suis entrée au bloc pour faire naître mon fils, j’étais très sereine, préparée à cette éventualité et je savais qu’on était là pour la vie de mon bébé. Je me suis donc laissée porter, et même si la douleur était présente, je suis restée à côté de mes pompes, en me disant que mon bébé allait naître d’un minute à l’autre et je ne pensais qu’à lui. Quand je l’ai entendu pleurer derrière ce grand drap bleu, mon coeur s’est envolé. Je ne savais même plus où j’étais, je n’écoutais que sa voix. Et puis on me l’a ramené, ce tout petit être encore un peu bleu, qui ressemblait déjà tellement à son papa. J’ai embrassé sa joue toute douce et chaude, à moitié amorphe, et je suis partie.

Quand je dis que je suis partie, c’est que je me suis enfin laissée aller et je me suis « endormie » le temps du reste de l’opération, en demandant plusieurs fois tout de même si mon fils allait bien et si son papa était avec lui. Sinon, je ne me souviens pas de grand chose. Mise à part un peu la douleur des cautérisations. Mais je vous avoue que c’est tellement accessoire. Quand je me suis réveillée, je roulais vers la salle de réveil. J’attendais des nouvelles de mon fils. On m’a annoncé quelques minutes après qu’il allait bien. Après ça, toute ma notion du temps est complètement déformée, je ne me souviens pas de tout, je pense que je délirai encore un peu quand on me l’a apporté. Et pourtant… quand on me l’a mis dans les bras, j’avais l’impression de déjà connaitre tous les traits de son visage. Comme si, l’image que j’ai eu de lui au bloc s’était imprégnée à tout jamais sur mon cœur…

Ce que je regrette par dessus tout, c’est d’avoir été prise dans le feu de l’action et d’avoir oublié de dire ce que je souhaitai le plus au monde si je passais en césa : que papa fasse du peau à peau avec bébé. Parce que je ne serai pas là, et que j’étais sûre que mon bébé aurait eu besoin de ça. J’étais même persuadée qu’on le proposait d’office aux papas. Apparemment, cela ne se fait pas dans tous les hôpitaux… En échange, mon chéri a vu arriver son fils déjà tout emmitouflé dans son berceau. On l’a laissé seul dans une pièce avec Jules, sans lui dire s’il avait le droit de le prendre dans ses bras. Laisser un papa tout neuf inexpérimenté seul avec son bébé dans un berceau sans lui dire quoique ce soit, j’ai trouvé ça franchement moyen.

Ensuite, nous sommes remontés dans notre chambre presque ensemble. Le bonheur absolu. Je ne pouvais pas bouger à cause de la chirurgie, mais je ne sentais aucune douleur. Merci la morphine, mais surtout merci mon fils. Mon antidouleur, ma force.

Quand on accouche par césarienne, on ne peut malheureusement pas soulever son bébé seule le premier jour, on ne peut pas non plus assister au changement de sa première couche, on ne peut pas assister à toutes ses première fois que l’on chérit par dessus tout. On reste allongée dans son lit jusqu’au lendemain, sans pouvoir se doucher ni aller aux toilettes. On est reliées à une sonde pour faire pipi et une sage-femme vient nous faire une toilette dans le lit quelques heures après l’opération.

Le lendemain, la blessure est plus vive. On essaie de se lever, on ne peut pas. Jusqu’à ce que bébé monte en néonat. Et là, douleur ou pas, on se démène pour se lever, se doucher et monter le voir dans son petit box. On trouve la force je ne sais où, mais on la trouve. Au départ on peut à peine marcher, d’ailleurs il me semble que j’ai dû aller jusqu’à la douche en fauteuil roulant. On peut à peine soulever un pied. C’est l’infirmière qui nous savonne, on essaie de se rincer comme on peut. Mais on est fière, fière de se dire qu’on s’est levée et qu’on va pouvoir monter aller bercer son petit coeur. Parce que lui a beaucoup plus besoin de vous que vous n’avez mal. Il a besoin de la seule personne qu’il ait connu durant 8 mois, d’un son de voix familier, d’une respiration apaisante et de contact. Et peut importe la situation dans laquelle vous serez, chaque jour de sa vie vous devrez vous dépasser pour être son repère et lui donner tout l’amour dont il a besoin.

Alors cette douleur physique, ce n’est qu’un petit obstacle. Le plus important de tout, c’est que tout le monde aille bien et qu’on ait eu la chance d’avoir un bébé merveilleux.

Ma cicatrice, je l’aime, à la folie. Je sais, c’est bizarre à dire, mais chaque jour quand je la vois, je suis fière. Parce qu’elle a permis à mon fils de sortir sain et sauf et parce qu’elle me rappelle à quel point je l’aime. Et je le referai, des milliers de fois sans hésiter pour mon fils.

Alors oui, ça peut faire peur de passer au bloc, on a du mal à dire qu’on a « accouché », on a mal à notre cœur de maman de ne pas avoir pu l’avoir contre nous ses premières secondes de vie, on regrette d’avoir loupé ses premiers instants, on souffre physiquement. Mais on en ressort plus forte, on se sent un peu guerrière et on aime son bébé tellement fort qu’on en oublie vraiment la douleur.

J’espère ne pas vous avoir fait peur, parce que ce n’est vraiment pas le but. J’aimerai beaucoup avoir vos témoignages si vous aussi vous avez donné naissance par césarienne.

Merci d’avoir lu mon histoire et à très bientôt sur le blog.

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